...les mesures, et les conditions dans lesquelles s'effectue la déportation, montrent bien que le gouvernement [jeune-turc] poursuit très réellement le but d'exterminer la race arménienne dans l'Empire ottoman
Le massacre systématique de la population arménienne déportée de chez elle a pris une telle ampleur ces dernières semaines, qu'une nouvelle action diplomatique énergique de notre part s'impose contre ces agissements déréglés, qui ne sont pas seulement tolérés par le gouvernement, mais ouvertement ordonnés...
La persécution des Arméniens des provinces de l'Est est entrée dans sa phase ultime.Le gouvernement turc ne s'est laissé détourner de l'exécution de son programme – liquidation de la question arménienne par l'extermination de la race arménienne – ni par nos admonestations, ni par celles de l'Ambassade américaine et du Nonce apostolique, ni par les menaces des puissances de l'Entente, encore moins par la crainte de l'opinion publique des pays occidentaux.
L'anéantissement des Arméniens, mis en oeuvre à grande échelle... est le résultat de cette tendance politique [nationaliste turque]. Je crois qu’en fin de compte, cette politique d’extermination est nuisible à l’Empire turc. Les atrocités de la campagne arménienne pèseront lourd sur le nom turc pour longtemps encore…
Comme je continuais à l'importuner avec la Question arménienne, il [Talaat] me dit un jour en souriant : « Que diable voulez-vous de moi ? La question est réglée. Il n'y a plus d'Arméniens. »Erinnerungen und Briefe, Zürich Polygraph-Verl., 1936
Ce gouvernement poursuit consciemment la destruction d'aussi grandes parties que possible du peuple arménien, par des moyens empruntés à l'Antiquité… Il a, sans nul doute, voulu se servir de la circonstance qu'il se trouve en guerre avec la quadruple Entente, pour se débarrasser de la question arménienne dans l'avenir, en ne laissant subsister que le moindre nombre possible de communautés arméniennes organisées. Il a sacrifié des hécatombes d'innocents avec les quelques coupables
Les partisans de la fraction dure du Comité avouent d'ailleurs sans ambages que le but de leur action contre les Arméniens est d'en débarrasser la Turquie jusqu'au dernier... Si toutefois les différents massacres ne suffisent pas à atteindre ce but, on espère que les privations.. et le climat... seront plus qu'il n'en faut pour en venir à bout. Cette « solution » de la question arménienne semble idéale aux partisans de la tendance dure, à laquelle appartiennent presque tous les fonctionnaires de l'armée et du gouvernement.
Il ne s'agit de rien moins que de l'anéantissement et de l'islamisation par la force de tout un peuple, d'individus qui n'ont eu pour la plupart aucune part directe au mouvement révolutionnaire et qui sont donc autant de victimes innocentes. La façon dont l'ordre de proscription est exécuté menace de revêtir des formes qui ne peuvent être comparées qu'à la persécution des Juifs en Espagne et au Portugal
La communication que la Porte a faite le 31 août à l'Ambassade impériale au sujet des Arméniens n'est rien d'autre qu'une tromperie éhontée (...) Ici, le nombre des Arméniens assassinés sur ordre dépasse déjà vraisemblablement la masse des victimes des massacres des Jeunes Turcs de 1909 [dans lesquels plus de 25.000 Arméniens sont morts]
300.000 personnes doivent poursuivre vers le sud pour s'y « établir ». Une fois qu'ils seront arrivés à destination, on ne pourra pas, selon le fonctionnaire en question, faire autrement que de les abondonner à leur sort, et « ils mourront tous »... il manque tout le nécessaire... La conviction générale est que tous les déportés sont voués à la mort.
J'ai lu dans différents journaux allemands des communiqués par lesquels la Turquie dément officiellement les massacres des chrétiens et je m'étonne de la naïveté de la Porte qui croit pouvoir effacer par de grossiers mensonges la réalité des crimes commis par les fonctionnaires turcs.
Des signes indiquent qu'il y a ailleurs une volonté d’exterminer les Arméniens (...) je ne peux me défaire de l’impression que le comité jeune-turc est responsable des crimes commis contre les Arméniens. Le Comité central semble, de cette manière, vouloir en finir avec la question arménienne.